On parle aujourd’hui de discrimination des obèses et des personnes en surpoids. Ce mot est souvent utilisé pour évoquer les attitudes blessantes mais c’est aussi un terme juridique correspondant à des critères bien précis sur base desquels il est possible de déposer une plainte.

La discrimination au sens de la loi

Selon la loi Antidiscrimination, il y a discrimination lorsque, dans une même situation, quelqu’un subit un traitement différent sur la base d’un critère protégé, sans que cette différence de traitement ne repose sur une justification fondée.“

 

Dans le milieu scolaire

La discrimination commence dès le plus jeune âge. À l’école, les enfants plus ronds sont régulièrement malmenés tant par les autres élèves que par les professeurs. Ils sont souvent taxés de minables, idiots, paresseux et deviennent des compagnons de jeu peu désirables, portant pendant longtemps le poids des surnoms : « Gros plein de soupe », « Baleine », « Sac à patates »,… Dans l’enseignement supérieur, les rondeurs peuvent également être source de traitements injustes, par exemple, plus de difficultés lors d’examens oraux ou de concours.

 

Dans la vie professionnelle

Lors de la recherche d’un emploi, la discrimination est régulièrement vécue par les personnes en surpoids. Les pratiques d’embauche semblent inéquitables. Ainsi, « sur le marché de l’emploi, un chômeur en surpoids est aussi pénalisé qu’un immigré. » [1]

Mais les injustices auxquelles les gros doivent faire face dans le monde du travail ne s’arrêtent pas là : leurs salaires s’avèrent parfois inférieurs à ceux des employés « normaux », leurs possibilités de promotion peuvent être réduites, certaines sont victimes de harcèlement moral et des licenciements abusifs ont parfois même lieu (le travailleur étant par exemple accusé de travailler trop lentement ou trop peu puisque la paresse est un préjugé souvent associé au surpoids). [2]

Dans le cercle familial

Certaines personnes en surpoids peuvent être victimes d’injustices de la part de leurs proches et des membres de leur famille. Parmi les plus courantes, on retrouve les moqueries entre frères et soeurs, reproches et critiques des parents, surnoms ridicules (Bouboule, Bouli, Boulette…), mises à l’écart et traitements différents (privé de dessert, de bonbons, activité physique imposée, pesée régulière), etc.

 

Dans les relations sociales

Les amis peuvent eux aussi se montrer blessants (même s’ils n’en ont pas toujours l’intention) : critiques et plaisanteries sur les gros, taquineries, usage de surnoms dévalorisants, etc. La corpulence peut également être un obstacle dans les rencontres amoureuses. Si l’apparence physique n’est pas le seul critère pour plaire, des kilos superflus sont généralement considérés comme peu séduisants.

 

Dans le milieu médical

Les personnes en surpoids se disent souvent victimes de discriminations dans le domaine médical. Le personnel médical semble en effet adhérer à des stéréotypes négatifs, considérant les patients en surpoids comme moins honnêtes, peu intelligents, manquant de volonté, incapables d’autodiscipline… Leur poids est souvent mis en cause comme étant à l’origine de tous leurs problèmes de santé. « Des recherches indiquent même que les soignants raccourcissent le temps de consultation avec les obèses et leur proposent moins d’éducation thérapeutique qu’aux patients minces. » [3]

 

… et dans la vie en société

Des traitements différenciés à l’égard des personnes en surpoids peuvent également avoir lieu dans le domaine des assurances (police d’assurance plus chère pour les personnes obèses, comme pour les fumeurs ou les personnes ayant des problèmes cardiaques), des transports en commun (reproches liés à la place occupée et jugée excessive, dimensions du matériel peu adaptées aux silhouettes larges), ou encore dans les magasins de vêtements (taille des vêtements standardisées, regards et mots dénigrants des vendeurs, choix limité de magasins grandes tailles), etc.

La discrimination des personnes en surpoids est aussi inacceptable que celle basée sur les origines, la couleur de peau, le sexe ou encore la religion ! Pourtant elle reste largement tolérée car « dans de nombreux pays, la stigmatisation du poids demeure acceptable d’un point de vue social. » [4]

[1] P. Peretti-Watel et J.P. Moatti, « Le principe de prévention. Le culte de la santé et ses dérives », Ed. du Seuil – La République des Idées, novembre 2009, p.32

[2] D. Janssens, Stigmatisation sociale et individuelle de l’obésité, Service d’Endocrinologie – Hôpital Erasme – Cliniques universitaires de Bruxelles, Power Point réalisé dans le cadre de la séance « Pratiques et regards de société face à l’obésité » organisée par les Femmes Prévoyantes Socialistes le 20/05/2011

[3] D. Janssens, « Stigmatisation sociale et individuelle de l’obésité », Service d’Endocrinologie – Hôpital Erasme – Cliniques universitaires de Bruxelles, Power Point réalisé dans le cadre de la séance « Pratiques et regards de société face à l’obésité » organisée par les Femmes Prévoyantes Socialistes le 20/05/2011

[4] (Rebecca Puhl, « Stigmatisation sociale de l’obésité : causes, effets et quelques solutions pratiques », Diabetes Voice, mars 2009)